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dimanche 10 décembre 2017

L'icône des Keleynikov

En 90, j'avais participé à une expédition en Russie "sur les traces de Radichtchev", et j'y avais fait la connaissance d'Olga et de son fils Kécha, qui avait alors 12 ou 13 ans. Au départ, je m'étais demandée pourquoi Olia emmenait avec elle son gamin pour un tel voyage, mais je m'étais rendu compte assez vite que c'était le style d'enfant à y prendre un vif intérêt.
J'ai eu par la suite une longue et étroite amitié avec toute la famille, puis pour des raisons que finalement je ne m'explique pas tellement et sans doute eux non plus, nous avons été en froid.
Puis nous avons repris contact, et grâce à une icône ancienne, une icône naïve que Kecha cherchait à caser sur facebook, et qu je lui ai proposé de prendre, j'ai décidé de consacrer une soirée à de dignes retrouvailles.
Elles ont été chaleureuses, joyeuses et comme d'habitude dans la famille Keleïnikov, nous avons très bien mangé.
Kecha enseigne à présent à l'institut polygraphique, il a une barbe rousse, une jolie jeune femme à lunettes, Liéna, et un adorable petit garçon, à la bouille très russe, Kostia. Kostia, comme son père, n'est pas un enfant turbulent, c'est un enfant qui observe et qui pense!
Il y avait aussi Iouri Nozdrine, un graveur génial, et nous avons regardé les créations des uns et des autres. Comme nous sommes chez des graphistes, le mot, la lettre et le livre ont dans cette compagnie une extrême importance. On fait ses propres livres, en utilisant, par exemple, pour la couverture, un reste du kimono japonais en satin que la grand-mère d'Olia portait avant la révolution de 17! (le grand-père d'Olia, officier cosaque d'une grande beauté et d'une grande force de caractère avait réussi, pendant toute la période la plus dangereuse de l'URSS, c'est-à-dire jusqu'à la mort de Staline, à échapper avec sa famille aux arrestations en déménageant systématiquement tous les trois mois).
Quelquefois ces livres sont à plusieurs exemplaires en tirage limité, d'autres sont uniques, car ils mélangent impression de gravures ou de monotypes, aquarelles, gouaches, encres...

Dans le sang brûle le feu du désir. Iouri Nozdrine
Olga Keleynikova la paresse

Iouri a une inventivité inépuisable et un monde intérieur étrange, surréaliste et grotesque, toutes sortes de petits monstres, de femmes tentatrices et de pauvres hommes emportés par leurs tentations avec un humour désabusé. Ses gravures grouillent de créatures bizarres et de textes calligraphiés, des aphorismes de son cru ou de divers auteurs. On peut les regarder pendant des heures, il y a toujours quelque chose à découvrir.
Pour ceux qui voudraient explorer cet univers foisonnant, voici son site:
A mon retour, j'ai accroché mon icône dans le coin de la cuisine destiné à cet usage. C'est ma deuxième icône de style naïf, celle qui m'a fait retrouver la famille Keleïnikov. 

C'est celle du dessous, la Mère de Dieu. Il paraît qu'elle vient de
Sibérie. Le Christ au dessus vient de Pereslavl. Les petits ornements
sont des cadeaux d'Anne Frinking, femme de l'iconographe Bernard
Frinking...


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