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dimanche 12 février 2017

le dimanche du fils prodigue

Lumière de février





Aujourd’hui dimanche du fils prodigue, voir ici  sur ce sujet le sermon du père Alexandre Schmemann, dont je suis une fervente disciple posthume : http://stmaterne.blogspot.ru/2007/02/p-schmemann-le-fils-prodigue-et-nous.html
Quand je suis revenue de France chargée comme un âne, j’ai aperçu une moniale dans l’autobus. A l’arrivée, celle-ci, me voyant déraper sur la glace avec d’un côté la valise et de l’autre le chien, s’était précipitée pour m’aider, avec un gentil sourire. Je lui avais demandé : «Ne seriez-vous pas à côté, au monastère saint Théodore ?
- Si !
- Je le trouve très joli et j’ai très envie de le fréquenter.
- Venez, venez ! »
Lors de mon entretien avec la mère Hypandia, avant mon départ, j’avais reçu le conseil de me rendre aux offices dans un monastère. Alors ce matin, j’ai décidé d’aller chez saint Théodore.
Le taxi qui m’emmenait, casquette de prolétaire et nez en pied de marmite, m’a chanté les louanges de la croix miraculeuse de Godenovo, à une cinquantaine de kilomètres d’ici. (Voir l’article de la revue orthodoxe russe «Thomas » sur cette croix étonnante : https://www.facebook.com/notes/la-russie-vue-par-les-yeux-de-thomas/la-croix-de-godenovo/1326780797362877). « J’étais du genre à ne croire que ce que je voyais et touchais, mais ma vie allait tellement mal que j’ai décidé de tenter le coup. J’y suis allé, et pendant que je faisais la queue, je me demandais bien ce que j’allais dire ou demander en arrivant au pied de cette croix. Mais le Seigneur sait ce qu’il nous faut sans qu’on ait besoin de lui faire un dessin. J’ai ressenti tout à coup un soulagement et une légèreté indescriptibles, comme si un poids me tombait des épaules, et tout a commencé à aller mieux progressivement, je ne dis pas que j’ai trouvé une valise de billets, ce n’était pas un miracle de ce type, mais ma vie a changé après ma visite à la croix. Depuis, je ne fais plus rien sans prier. »
Il m’a parlé de l’église de la Trinité, près de laquelle est enterrée « le bienheureux Michenka », un fou en Christ local dont je ne sais absolument rien pour l’instant.
Le monastère saint Théodore me plaît à bien des égards, il est ravissant, sobre, c’est Ivan le Redoutable qui l’a fondé pour la naissance de son fils Théodore, plus tard canonisé. L’église date de 1710, elle a une jolie coupole bleue étoilée, mais on voit qu’elle a dû souffrir pendant la période communiste, il n’y a plus de fresques, et le sol rappelle celui d’une clinique ou d’un bureau. Il doit y avoir là dedans une dizaine de moniales, et une vieille higoumène. C’est spacieux, il n’y fait pas trop chaud, mais on ne peut pas s’asseoir, comme d’habitude, et si je fais peut-être plus jeune que la babouchka du cru, mes genoux, eux, sentent bien leurs 65 ans. D’un autre côté, ô surprise, l’office monastique est plus court que dans les paroisses ordinaires. Il n’est pas précipité pour autant, les moniales lisent de façon lente et distincte, mais le sermon du prêtre est concis. Il a parlé du fils prodigue, en soulignant que des peuples entiers pouvaient eux aussi « déserter la maison du Père » pour se livrer à l’iniquité et que l’on reconnaissait les serviteurs du démon à la haine permanente dans laquelle ils baignaient et à la discorde qu’ils cherchaient toujours à semer partout. Je me sentais bien, j’avais l’impression que mes copains du XVI° siècle m’avaient attirée là et m’y tenaient invisiblement compagnie. En sortant, à la fin de l’office qui était suivi d’un autre office, j’ai vu que le monastère vendait de la boulange et avait un café. Un petit café, où après la communion ou l’office, on peut prendre un thé avec des pirojki, acheter des tisanes russes aux merveilleux arômes et du miel. La moniale de service était gentille et souriante, gentille aussi celle qui vendait cierges, icônes et livres religieux dans l’église. Une atmosphère générale de calme, de bienveillance, de simplicité et de discrétion.

Je suis revenue chez moi sous la neige : ciel gris et sourd, gros flocons sur les petites maisons de toutes les couleurs. Puis un soleil printanier a dispersé tout cela, tout s’est mis à étinceler, d’éblouissants nuages brochés de lumière se sont sagement pliés aux rives du ciel. J’ai vu qu’il fallait aller promener Doggie, et contempler toute cette beauté. Et faire une aquarelle, faire quelque chose d’agréable, de créatif, avant d’aborder la semaine et les démarches !
Peut-être le petit article que m'a consacré "Hello Pereslavl" contribuera-t-il à attendrir les fonctionnaires! http://hellopereslavl.ru/lorans-gijon

Les aquarelles Léningrad sont très bonnes et coûtent beaucoup moins cher que les nôtres.
Elles se présentent comme des bonbons qu'il faut dégager de leur papier d'argent.


Une belle isba et sa propriétaire





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