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mercredi 19 juillet 2017

Une "matouchka" française

Dans l’aéroport, je pensais sans arrêt, au bord des larmes, à Doggie qui ne m’accompagne plus, à notre dernier  voyage ensemble, quand il était malade. Je pensais aussi à la « vilaine Rosie », comme dit ma cousine Françoise, qui ne doit pas comprendre pourquoi elle a brusquement changé de maîtresse…
Hier, j’ai rencontré Claire, une jeune Française mariée avec un prêtre russe. Elle a quarante ans, elle ne les fait pas du tout (mais enfin à quarante ans, on est encore tout ce qu'il y a de plus jeune et j'aimerais bien les avoir encore), elle a un physique juvénile, avenant. Ses cinq enfants sont gentils, paisibles et très bien élevés. Ils parlent parfaitement français, et j’éprouvais une impression étrange, dans leur appartement russe d’un quartier de grands immeubles en béton, à écouter le discours français de cette petite famille. Nous avons partagé notre nostalgie. Comme moi, elle a du mal à écouter Trenet, par exemple, « Douce France » ou « la mer », parce que c’est la France que nous avons perdue, et cette seule évocation m’a mise au bord des larmes, et cela alors que toutes deux, nous avons été fascinée par la Russie, nous l’avons aimée et choisie, avec l’orthodoxie, mais la France est en train de mourir, avec notre passé, notre culture et tout ce qu’avaient bâti nos ancêtres et nous la pleurons…
Élevée dans une famille très catholique, elle se sentait depuis l’enfance l’objet d’une certaine persécution, perpétuellement moquée et méprisée. Elle apprécie d’être dans un pays chrétien, où l’on peut porter sa croix de baptême et se signer tranquille. Elle apprécie aussi que ses enfants échappent aux monstrueux programmes « d’éducation sexuelle » qui se mettent en place actuellement dans les écoles françaises et qui sont un véritable viol des jeunes consciences. Je suis cela de près, car n’ayant jamais vraiment quitté l’enfance, je me sens particulièrement concernée. C’est tellement grossier, laid, trivial, intrusif… En réalité, les enfants n’ont pas du tout besoin des adultes pour éprouver de premiers émois sensuels ou amoureux, mais ces délicats processus prennent place dans leur jardin secret enfantin, ils n’ont pas envie d’en parler. L’intrusion des adultes ne peut que provoquer des dégâts terribles. De même, la sexualité des adultes ne peut concerner les enfants, c’est un domaine qu’ils ne sont pas prêts à aborder. Petite, j’étais un garçon manqué, aujourd’hui, on tenterait de me convaincre que je suis une candidate aux hormones et aux opérations ou une future homosexuelle. Or tout garçon manqué que j’étais, mes songes n’étaient pas hantés par des filles. Je rêvais de héros grecs, et plus tard d’Alexandre Nevski ou d’Ivan le Terrible, figures éminemment viriles. Quand je vois des parents américains envisager de bourrer d’hormones leur fille de onze ans ou expliquer à leurs enfants gênés comment se masturber, en présence d’une maritorne qui exhibe des godemichés, j’ai envie de hurler.
Je me souviens d’avoir été amoureuse de grandes personnes. Du beau garçon de la plage quand j’avais onze ans. Il en avait dix-sept et, attendri, m’avait emmenée faire un tour en canoë. Si dans ce canoë, où j’étais si fière de me trouver avec lui, il s’était livré sur moi à des attouchements, je pense que j’en aurais été très perturbée. Je trouvais un ami de ma tante Renée magnifique. C’était un homme de trente ans, bronzé, blond et bouclé, athlétique et je lui avais déclaré : « Monsieur que vous êtes beau, vous ressemblez à un Grec ». Quand il avait compris que j’entendais par là un dieu grec, il en avait été très flatté et amusé à la fois. Si cet homme charmant m’avait tout à coup soumise à une expérience prématurée du sexe, j’en aurais été traumatisée, et même sans aller jusque là, s’il m’avait simplement parlé de cela en termes crus et explicites.
Pourtant, au fond, je savais déjà ce que c’était que l’amour et la sexualité, et le jour où j’ai été prête, la conscience m’en est venue naturellement et je n’ai pas été étonnée. Mes lectures m’avaient préparée, et puis c’était en moi, comme celle de la mort.
J'ai été surprise de voir que Claire servait son prêtre d'époux à diacre et à sous-diacre, et qu'elle était, en sa présence, complètement en retrait. Quand j'en ai parlé à Xioucha, qui se bat seule avec ses six sauvages d'enfants, elle m'a déclaré: "Vous savez Lolo, vous me dites que ses enfants sont bien élevés et équilibrés, eh bien je pense que c'est comme cela dans les familles où les rôles sont distribués de cette manière, où il y a un père, où le père est le chef de façon indiscutable."
Je dois dire qu'en effet, cela correspond à mes propres constatations. Ce matin, sur Facebook j'ai trouvé un commentaire sur Facebook qui s'étonnait que je n'ai pas fait d'enfants. J'y ai répondu de cette manière:
En effet, et j'aurais bien voulu, j'ai même considéré cela comme l'échec de ma vie et sa malédiction. Cependant, au vu de ce qui se passe autour de moi et du destin de nombreuses personnes de ma génération ou de celles qui suivent, j'en suis arrivée à considérer que c'était la malédiction de mon époque et que j''en portais la croix collective. A l'âge de faire des petits Guillon, je ne rencontrais que des candidats à la baise vite et mal faite au lieu de possibles pères pour eux. Nous avions le choix, soi-disant et la liberté de nous envoyer en l'air et nous nous retrouvions mots d'angoisse dans une prison individuelle invisible, incapables de choisir, avec un sexe sinistre et dévalué auquel je ne me résignais pas, et j'ai regretté par la suite qu'un mariage arrangé par nos parents ne m'ai pas donnée au petit berger de 16 ans qui me faisait la cour quand j'en avais 14, j'aurais fait des petits Guillon, et je me serais sûrement entendue avec lui, je n'aurais d'ailleurs pas eu le loisir de me poser la question. J'aurais pu faire des petits Guillon avec n'importe qui, et j'en ai eu souvent envie, mais mon Guillon de père étant mort prématurément, je n'avais pas envie d'imposer à mon enfant de grandir sans père, comme ce fut le cas pour moi. Ne pas faire de petits Guillon n'a pas été pour moi un choix, d'ailleurs qui dit que nous avons le choix, dans la vie? Quelle supercherie moderne du genre "le bonheur est une idée neuve en Europe"? Le choix que nous avons est celui de surmonter notre malheur et de se tourner vers la transfiguration de notre vie plutôt que vers les bas-fonds ou le suicide
Je me suis aperçue que cette réponse recouvrait complètement la discussion que j'avais eue avec Claire, pendant notre agréable prise de contact.
.J’ai rencontré un correspondant Facebook, Roland, un homme éminemment sympathique et profond, avec lequel j’ai commenté également ce qui arrive à la France. Roland est catholique, il a eu la révélation à la suite d’un rêve spirituel, comme mon amie Hélène, alors que, comme elle, il était très loin de la foi. Il pense que le Christ appelle les gens et les regroupe, dans le désastre en devenir, et m’a parlé des prophéties de Marthe Robin : la France retrouvant le Saint Esprit à la suite d’un complet effondrement. L’aveuglement des gens devant les différents sinistres présages de plus en plus clairs qui nous parviennent, les craquements et les soubresauts de notre Titanic européen, le sidère. 
Il médite de s’exiler en Pologne, car il ne supporte plus l’antichristianisme déclaré, officiel et faux-cul de la classe politico-médiatique, sa propagande, ses manipulations éhontées de l’histoire.
Il est venu en Russie pour avoir un aperçu réel de ce pays vilipendé et, pour l’instant, y ressent une impression de dépaysement plus grande qu’aux Indes, de même que Françoise s’y trouvait plus dépaysée qu’en Thaïlande. A quoi est-ce du ? Il me dit : «Tout le monde est blanc. » Je pense que c’est loin d’être la seule explication, mais c’est quand même frappant de la voir venir à l’esprit d’un européen…
Je l’ai envoyé au père Valentin avec lequel il va très bien s’entendre.
Il fait encore nuit, en France, à six heures du matin, alors qu'à Pereslavl, le jour est déjà bien levé. Je réalise que je vis à présent dans les parages du cercle polaire. Jours très longs en été, très courts en hiver.


6 commentaires:

  1. ""Le choix que nous avons est celui de surmonter notre malheur et de se tourner vers la transfiguration de notre vie plutôt que vers les bas-fonds ou le suicide""=tres juste !

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  2. Réflexion profonde qui invite a la rétrospection merci Laurençe. Belle fin de journee amities

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  3. Des réflexions qui me touchent particulièrement et forcément, on est tous marqué par notre enfance et notre éveil à la sexualité. Que celui-ci se passe mal, trop précocement ou par des gens malsains et l'on est marqués à vie. C'est ce qu'à bien compris notre "élite" perverse qui cherche à détruire toute humanité en nous... Merci pour ces réflexions

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  4. Ma fille qui est en première et viens de passer son bac de Français n'a lu que des bouquins parlant de viols et d'assassinats, Jean Jacques Rousseau évidemment a été éradiqué du programme
    grosse bise a toi ma grande soeur en Christ a bientot j'espère

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    1. Je suis déjà en France, au même numéro, dimanche à Solan

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  5. A marthe Robin (très discutable en terme d'authenticité) je préfère St Pie X :
    « Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux Fonts Baptismaux de Reims se repentira et retournera à sa première vocation.
    Les mérites de tant de ses Fils qui prêchent la vérité de l’Evangile dans le monde presque entier et dont beaucoup l’ont scellée de leur sang, les prières de tant de Saints qui désirent ardemment avoir pour compagnons dans la Gloire Céleste les frères bien-aimés de leur patrie, la piété généreuse de tant de ses Fils, qui, sans s’arrêter à aucun sacrifice, pourvoient à la dignité du clergé et à la splendeur du culte catholique, et, par dessus tout, les gémissements de tant de petits enfants qui, devant les Tabernacles répandent leur âme dans les expressions que Dieu même met sur leurs lèvres, appelleront certainement sur cette nation les miséricordes Divines. Les fautes ne resteront pas impunies, mais elle ne périra jamais, la Fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes.
    Un jour viendra, et nous espérons qu’il n’est pas très éloigné, où la France, comme Saül sur le chemin de Damas, sera enveloppée d’une Lumière Céleste et entendra une voix qui lui répètera : « Ma Fille, pourquoi Me persécutes-tu ? » . Et, sur sa réponse : « Qui es-tu, Seigneur ? », la voix répliquera : « Je suis Jésus, que tu persécutes. Il t’est dur de regimber contre l’aiguillon, parce que, dans ton obstination, tu te ruines toi-même « . Et elle, tremblante, étonnée, dira : »Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? ». Et Lui : « Lève-toi, lave-toi des souillures qui t’ont défigurée, réveille dans ton sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Fille Aînée de l’Eglise, nation prédestinée, vase d’élection, va porter, comme par le passé, Mon Nom devant tous les peuples et devant les rois de la Terre ».

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